• Poutine, père de Dieu

    «Marie, mère de Dieu, chasse Poutine…»

    Pour avoir chanté le 21 février dernier cette prière (quinze jours avant la réélection de Poutine) dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, trois jeunes filles qui appartiennent au collectif punk féministe Pussy Riot sont en prison depuis cinq mois. Cinq mois, c’est rien. Elles risquent d’y rester sept ans. C’est la peine maximale que prévoit le tribunal pour un pareil blasphème. Évidemment, le mot de blasphème n’est pas prononcé, elles sont poursuivies pour «hooliganisme». Il faut dire qu’elles étaient cagoulées. Et vêtues de robes très courtes et très flashy, pas forcément assorties à des collants qui ont dû contribuer à brouiller la vue des bigotes grisâtres de la cathédrale. On peut voir la scène sur Internet. Les filles sont formellement accusées d’avoir «causé des dommages considérables aux valeurs sacrées du culte chrétien»; de plus, elles ont refusé de «répondre aux appels d’une employée de l’église de stopper ce sacrilège», elles ont donc «humilié d’une manière blasphématoire les fondements séculaires de l’Église orthodoxe russe». Rappelons qu’en Russie l’Église et l’État sont censés être séparés… Et c’était justement pour protester contre le soutien officiel du patriarche orthodoxe russe à Vladimir Poutine que les punks ont décidé de se produire dans la cathédrale. Bref, Poutine est en Russie le commandeur des croyants au même titre que Mohammed VI l’est dans son pays. La justice russe a dénombré neuf victimes des provocatrices punk: les gardiens de la cathédrale, la vendeuse de cierges et quelques fidèles présents ce jour-là. Tous ont été «blessés dans leur âme», selon l’avocat d’un des plaignants, dont les propos ont été rapportés par Libération. Le groupe «n’est qu’une petite pointe de l’iceberg extrémiste qui œuvre à détruire les piliers millénaires de l’Église orthodoxe, provoquer un schisme, conduire par le mensonge les ouailles vers Satan. Derrière toute cette affaire se tiennent les véritables ennemis de l’État». Quant à l’archiprêtre Vsevolod Tchapline, porte-parole de l’Église orthodoxe russe, il estime sur le site russe Ria Novosti que «la Russie, en tant que pays chrétien, doit agir de façon résolue lorsqu’un de ses lieux saints est attaqué».

    Le procès des Pussy Riot, qui resteront emprisonnées au moins jusqu’en janvier 2013, sera retransmis en direct. En fait, la justice organise un spectacle pour répondre à celui des Pussy Riot. Il faut dire que, selon un sondage cité par la chaîne Euronews, plus d’un Russe sur trois estime que la place des Pussy Riot est en prison. Quand il ne reste plus assez de terroristes à traquer en Tchétchénie pour faire oublier les problèmes quotidiens des Russes, l’État mise sur les dangers de l’invasion punk… Toutes les religions n’honorent pas Dieu de la même manière. Ce qu’elles ont réellement en commun, c’est cette peur panique de l’humour. Ce n’est pas le rire qui les détruira toutes (le rire n’a, hélas, pas ce pouvoir), mais la peur du rire, oui. Fascistes catholiques, musulmans, juifs, orthodoxes, protestants, bouddhistes, vous vous condamnez vous-mêmes. Vous vous noyez dans le grotesque comme d’autres s’étouffent dans leur vomi. Bien entendu, Charlie Hebdo est solidaire du combat des Pussy Riot, comme il est solidaire de toutes les luttes contre tous les obscurantismes (article Charlie Hebdo du 12 août 2012)

    Depuis la parution de cet article dans Charlie Hebdo, le verdict a été rendu : 2 ans de travaux forcés...que la force soit avec elles !


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  • Commentaires

    1
    Samedi 18 Août 2012 à 10:24
    il faut croire
    que poutine est dieu des lois, dieu des libertés emprisonnées, dieu....poutine est au-dessus de dieu, que...qu'est-ce-qu'il peut y avoir au dessus de dieu ? Alors que ....l'inconnu...ait pitié de poutine !
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